Un article récent
Les amis et les collègues les plus proches de Pierre Cattelain et de Claire Bellier, récemment admis à la retraite, leur ont offert un volumineux ouvrage édité dans les collections de « leur » Musée du Malgré-Tout à Treignes (Viroinval). Ce beau livre est essentiellement consacré à des questions liées à l’archéologie, à la Préhistoire et à l’Antiquité, mais il contient aussi un article qui a tout de suite attiré notre attention par son sujet : les sgraffites à Bruxelles .
Céline Devillers nous emmène dans le dédale des sgraffites bruxellois qui font aujourd’hui l’objet d’un inventaire scientifique. Elle y puise la matière utile à une recherche sur les figures féminines dans ce mode graphique particulier inspiré de la Renaissance. Le succès de la technique ayant été au rendez-vous, un très grand nombre de maisons, de magasins, d’immeubles ou d’écoles se sont parés de sgraffites au tournant des xixe et xxe siècles.
L’article pose la question du portrait féminin dans ces sgraffites à l’iconographie très variée. Il témoigne de la multitude de représentations féminines, le portrait se singularisant dans un nombre limité
d’exemples. Les parallèles de forme et de style dans l’échantillon proposé allant de 1882 à 1923 donnent au lecteur l’envie d’en savoir plus sur ces décors, parfois à forte charge symboliste, et dont la composition est souvent bien maîtrisée. Tantôt limitée à des visages de face, de profil ou de trois-quarts, tantôt en pied dans des attitudes variées ou parfois languissantes, la figure féminine intégrée dans un décor végétal ou aux formes géométrisantes, est loin d’être anodine ; elle fut abondamment choisie comme sujet de représentation dans les sgraffites bruxellois.
Les questions posées et les observations établies dans cet article mettent en évidence quelques figures féminines de deux des artistes les plus en vogue dans ce domaine à l’époque : Privat Livemont et Paul Cauchie. Là où l’artiste a porté l’art du sgraffite à son sommet, il a pu intégrer le portrait d’une épouse ou d’un modèle constituant une muse. Parmi les sgraffites les plus développés abordés dans l’article figurent ceux de la maison personnelle de Lina et Paul Cauchie rue des Francs, et de leur seconde maison avenue de la Chasse, ainsi que ceux d’une maison de la rue Vogler décorée par Privat Livemont pour son neveu (fig. 1).
1 Céline Devillers, « Le portrait féminin dans les sgraffites à Bruxelles.
Début d’une enquête », dans Laureline Cattelain, Alison Smolderen & Marie
Gillard, éds, Archéologues Malgré-Tout. Apporter sa pierre pour y voir plus clair. Mélanges offerts à Claire Bellier et Pierre Cattelain, Treignes, Cedarc/Musée du
Malgré-Tout, 2022 (Guides archéologiques du Malgré-Tout), p. 125-136.

Fig. 1 – Décor de sgraffite, Maison personnelle de Lina et Paul Cauchie, 5 rue des Francs à Etterbeek. © C. Devillers, photo 2021
Pierre Anagnostopoulos
Société royale d’Archéologie de Bruxelles




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